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"Je ne sais pas trop quand cela m’est arrivé. Un jour d’épuisement. Il faut dire que ce genre de choses ne m’arrivent qu’après avoir traversé la barrière de la fatigue. Un état second, si productif dans un certain sens, mais trop rare.
Je me suis assis près de la fenêtre qui donne sur une rue agitée. Je ne voulais rien, simplement être là où je suis. Je ne comptais ni les jours, ni les mois, ni les années.
Un oiseau jaune au bec noir franchit subitement le feuillage vert comme pour annoncer un printemps précoce. Mes sens pouvaient encore percevoir la nouvelle saison. Je sens quelque chose monter en moi. Un ruisseau d’encre se substitue au sang qui me coule dans les veines. L’impression subitement d’être un arbre. Un arbre assis près d’une fenêtre.
Je prends une feuille de papier.
Je sens une certaine promiscuité avec le papier. Un rapport viscéral. Je le touche, je le caresse. De plus en plus la main de l’homme se détache du papier pour se refermer sur un petit appareil métallique qu’elle caresse du pouce. Je veux écrire directement sur le papier. J’y trace des hiéroglyphes. Je n’arrive pas à me lire. Je dessine à côté pour tenter de m’exprimer plus visiblement. Complètement absorbé par ce qui naît sous ma main. Je continue sans prêter attention à ce magma de formes et de lettres.
Cela fait quelques décennies que j’ai délaissé la main pour la machine à écrire qui me semblait plus moderne, plus proche de la sensibilité d'une certaine époque. Heureusement, la main est de retour. J'observe un long moment le plus vieil outil de l’homme. La main qui a connu le chaud et le froid, le rugueux et le doux. La peau. Une main sur le dos d’un bébé. Toutes ces émotions encore cachées quelque part sous l'épiderme. On écrit à la main, cette main qui conserve dans chacun de ses mouvements tous les âges du monde. Cette longue expérience, du paysage comme du visage, menacée aujourd’hui.
J’ai repris ma main. Je ne la lâcherai plus. Et avec elle les couleurs arrivent. Tout un monde enchanté fait jour. Et cette impression de retour à l’enfance avec un présent sans passé ni futur. Juste le plaisir d’être là près de cette fenêtre qui donne sur une rue agitée."
Dany Laferrière
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Les chiffons font le papier
Le papier fait la monnaie
La monnaie fait les banques
Les banques font les emprunts
Les emprunts font les mendiants
Les mendiants font les chiffons
Les chiffons font les papiers...Comptine XVIII e Siècle
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Lullaby Factory est une installation ludique qui a transformé l'extérieur d'un bâtiment ennuyeux et recouvert de tuyaux en une fantastique démonstration de créativité et d'imagination. Conçu par les artistes Maria Smith et Je Ahn de Studio Weave, Lullaby Factory se trouve juste en face du Great Ormond Street Hospital pour enfants de Londres. Il s'agit d'un lieu secret offrant un divertissement pur aux patients, à leurs parents et au personnel de l'hôpital
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MIHAI KRISTE 1975
Dans l'ancienne Egypte,
l'eau fertile des larmes est à l’origine de tout ,
l’immense réservoir où le ciel, les arbres et les visages se mirent.
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