• « Dans le ventre de la Terre, il y a un enfant. Minuscule. Oublié ?
    Il dort beaucoup. Ses cheveux lui font un oreiller, ses pieds caressent la mousse du rocher.
    D’abord point en suspension, il se meut, se tourne, valse sur lui-même entre les parois sombres. Et devient multiplication. Il devient tissage, un fil après l’autre, il s’étend, il croît.
    Bientôt, des bouts de lui effleurent la paroi.
    Dans le ventre de la Terre, l’enfant grandit. Ni jour ni nuit à compter, seulement les tours de cette grotte, cette caverne, où il flotte, seul, et se met à rêver. »

    "Dire l’intime et la vie qui se tisse, lentement, doucement, bien à l’abri… Dire le silence assourdissant de ce cocon qui entoure, enveloppe et protège… Ce qui pulse à l’intérieur, ce qui bat et grandit… La caresse d’un souffle, cette envie du dehors qui affleure, ces racines qui relient à la Terre nourricière…

    Dire le secret d’un monde dont on a perdu la clé. Cet avant précieux qu’on s’empresse d’oublier à la naissance, ce doigt que pose un ange à la lisière des mots qu’on ne dit pas encore, pour qu’à jamais l’ombre s’installe sur ces neuf mois souterrains si mystérieux…

    Dire le beau, l’inestimable. Les sensations étouffées, les plus subtiles vibrations, les plus infimes tressaillements. Cette grotte qui très vite devient trop étroite et ne peut contenir davantage cet élan vers un ailleurs inconnu. Ce soleil au dehors qui ne touche pas encore sa peau, ces senteurs qui n’effleurent pas ses narines, ces parfums que déjà il commence à deviner… On l’appelle au dehors… Bientôt, bientôt…

    Un ravissement. Une promesse. Dans le ventre de la Terre est un joyau. Un concentré d’émotions qui réussit la prouesse de dire l’indicible. Cette vie avant la naissance, ce secret ultime, cette vague déferlante qui emporte tout sur son passage. Cette déflagration à venir précédée par le plus pur des silences…

    Les mots de Cécile Roumiguière font des merveilles. Ils vibrent et se déploient comme cette vie qui doucement se brode. Ils touchent à la quintessence du beau en racontant l’aventure fascinante de cette vie avant la vie. Cette vie qu’on se plait à imaginer, cette symphonie qui se joue en sourdine dont on ne perçoit que les échos. De la mer à la mère…"

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